(Version texte, non enregistrée en audio)
Les Mayas évaluaient le temps en comptant à partir d’une date initiale et en combinant trois cycles temporels: les tuns, les katuns et les baktuns. Si nous prenons pour repère notre calendrier chrétien, ils avaient établi que le Monde avait été créé 12 août 3114 avant J.C. Ils utilisaient un système vicésimal (de base 20).
En ce début du 21ème siècle, nous sommes forcés de constater que l’histoire est bien cyclique et que les Mayas avaient raison : tout s’accélère, la population mondiale connaît une croissance vertigineuse créant une civilisation d’estomacs qui sera de plus en plus difficile à nourrir et à gérer, les famines sévissent, les flux migratoires des pays les plus pauvres et les plus peuplés vers les pays les plus riches ont commencé, des guerres prétendument religieuses éclatent aux quatre coins de la planète, les valeurs sacrées disparaissent et nous assistons bel et bien, sans vouloir en prendre conscience, à la fin d’un cycle prévu par les Mayas : le treizième baktun risque de déboucher sur la fin de notre monde qui ne sera pas la fin du Monde!
Les rites, les célébrations et les sacrifices qui ponctuaient la vie des Mayas, étaient programmés avec une grande précision grâce à deux calendriers annuels. Le premier, le Haab, appelé aussi « année solaire vague », comprenait 665 jours divisés en 18 mois (Uinal) de 20 jours (Kin), soit 360 jours, auxquels ils ajoutaient 5 jours réputés néfastes. Ils ajustaient ce calendrier en instituant une année de 366 jours tous les 4 ans. Le Haab permettait de déterminer les dates des cérémonies, de fournir des prédictions au peuple et de guider les activités divinatoires des prêtres et des souverains.
Le Haab était combiné à un calendrier rituel, le Tzolkin qui faisait fonction d’almanach religieux et est encore aujourd’hui utilisé par les chamans des Hautes Terres du Guatemala. Il comprenait 260 jours (13 x 20). Chaque jour était désigné en combinant un nom de jour (il y en avait 20) et un chiffre allant de 1 à 13. Le 13 était un chiffre sacré.
Ces fins de cycles, décryptées grâce à la lecture des roues du temps, étaient donc célébrées par des rituels grandioses où, devant le peuple rassemblé autour des pyramides-temples, des milliers de nobles, de guerriers et de prêtres, revêtus de leurs somptueux habits de plumes colorées et de bijoux indiquant la position sociale, gravissaient les marches abruptes, derrière le couple royal, jusqu’au temple juché à la cime. Et là, au milieu des clameurs, des chants et des musiques rythmées, un rituel faisant appel au monde surnaturel, aux forces du temps et à l’énergie enveloppante des ancêtres, en présence de nobles des cités voisines, les Mayas procédaient à la cérémonie du sacrifice des captifs par cardiectomie et à celle plus étrange de l’auto-sacrifice. Cette dernière impliquait le couple royal qui, à l’aide d’épines d’agave, de dard de queue de raies ou d’aiguilles d’obsidiennes et avec l’aide de prêtres et de membres de leur famille, lacéraient leurs organes génitaux, laissant s’écouler le sang sur un papier d’écorce qu’ils faisaient ensuite brûler. Il s’en dégageait une fumée dont les volutes étaient analysées par des chamans drogués qui en tiraient des prophéties.