La Physique de l’invisible

Chapitre 3  L’Œuf Cosmique

 

Il est 18h, ce vendredi du mois de novembre 1995, je discute avec le metteur en scène parisien, devant l’entrée de la grande salle voûtée du Palais des Papes, du spectacle qu’il a souhaité proposer hors Festival.

Au mois de juillet, il était venu me voir dans mon laboratoire de la Faculté des Sciences, pour me demander de participer à l’illustration d’une « cathédrale d’images » dont le thème était « le cosmos ». Il me fit voir les clichés pris au télescope qu’il avait sélectionnés avec un astrophysicien lequel lui avait suggéré d’y ajouter, en les mélangeant, des micrographies prises au microscope photonique ainsi qu’au microscope électronique.

Pour cela, on lui avait signalé l’existence d’un laboratoire de recherches en cytologie à la Faculté des Sciences d’Avignon, laboratoire que j’avais créé en 1978. Pour moi, cette proposition était d’autant plus exaltante que, lors des travaux de recherche de ma thèse de doctorat d’État à Marseille-Luminy dans l’Institut de Cytologie du professeur Roger Buvat, j’avais tout de suite été frappé de la similitude des images entre le micro et le macrocosme, que je n’ai jamais cessé de remarquer tout au long de ma carrière de chercheur !

Je lui fournis donc des micrographies de cellules animales et végétales, mais aussi de virus et de bactéries à différents grandissements.

Des chaises longues avaient été judicieusement placées pour permettre aux spectateurs de regarder allongés pendant 1 heure les clichés projetés sur les murs et les voûtes sans attraper un torticolis ! Une musique avait été choisie au montage afin de donner une ambiance « cosmique » !!! Enfin, aucun commentaire n’éclairait la présentation, afin de laisser libre l’imaginaire…

Le spectacle était splendide, au cours de la discussion qui suivit, il fut demandé à chacun ce qu’il avait vu. Les réponses furent unanimes : ils avaient voyagé dans la féérie du cosmos. Pas un spectateur n’avait remarqué de différences significatives entre les clichés. Cela signifiait que dans l’imaginaire : micro et macrocosme présentaient des analogies !

Les découvertes révolutionnaires de la Relativité et de la Mécanique quantique ont totalement bouleversé nos connaissances de l’Univers et beaucoup de chercheurs non physiciens ont été désorientés, je n’ai pas échappé à ce phénomène !

Personnellement, tout au long de ma carrière de chercheur, les instants les plus fabuleux que j’ai connus furent lorsqu’assis dans la pénombre, penché sur l’écran fluorescent du microscope électronique, j’observais pendant des heures ce que je considérais comme « mon microcosmos », que j’imaginais être l’image inversée du macrocosme stellaire.

Ce dernier étant gigantesque a de fortes chances d’échapper à jamais à notre curiosité. Mais, pour moi, les deux cosmos présentent des identités de structures et donc de fonctions. Peut-être qu’un jour un physicien-biologiste proposera-t-il un schéma « structures et fonctions » de cet Univers dont beaucoup supposent qu’il n’est qu’un hologramme !

C’est pourquoi, modeste biologiste curieux des mystères de l’Univers, j’ai lu avec passion nombre de livres de vulgarisation édités par des physiciens prodigieux : ces nouveaux philosophes qui ont proposé, souvent à partir d’équations mathématiques, des schémas d’Univers possibles qui sont pour certains tombés dans l’oubli.

Dans cette chronique sur la « Physique de l’Invisible », j’ai ressorti du dit oubli quelques-uns d’entre eux comme : l’œuf cosmique d’Itzhac Bentov, la cinquième dimension de Mc Crimmon ou l’Espace-temps de Minkowski,  soulevant de surcroît les questions vertigineuses de la conscience, la pensée et l’intuition en tant qu’information instantanée dans un Univers cohérent en dépit de la flèche entropique…

Pour ma part, j’ai suggéré les possibles analogies « structures et fonctions » que j’ai en partie intégrées dans le schéma proposé par Itzhac Bentov.

 

Lorsque, en 1978, jeune professeur affecté à la Faculté des Sciences d’Avignon, j’eus la chance, en attendant que l’on m’attribue des locaux de recherche, de partager pendant un an le bureau du professeur, physicien théoricien, Daniel Testard, il advint, lors d’une discussion enflammée, qu’il m’incita à privilégier le rêve plutôt que les protocoles expérimentaux mécanistes m’affirmant avec force que :

« Tout ce que l’homme a pensé, pense ou pensera a existé, existe ou existera ! »

Cette réflexion a bouleversé ma vie et me bouleverse encore…

 

Bienvenue dans la Physique de l’Invisible !

 

PhJC 1/11/2022

 

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L’oeuf cosmique N°3