ÈVE
L’homme seul s’endormit d’un sommeil très profond
Dieu lui prit une côte et d’un souffle profond
La transforma bientôt en un homme-femelle
Adam la découvrant eut comme un frisson d’elle
Toute nue devant lui il la trouva très belle
Il la prit par la main et lui fit visiter
Les sources de l’Eden les bêtes et les forêts
Il fut émerveillé de sa curiosité
Partout elle cueillait une fleur embaumée
Une feuille odorante un lichen tacheté
Elle baignait son corps dans l’onde chaude et pure
Se roulait dans les prés se couvrait de verdure
Imitait les oiseaux d’une voix qui murmure
Et il la regardait
Toujours émerveillé
Caresser en riant les animaux sauvages
Ou l’embrasser soudain lui sa vivante image
Tellement ressemblante
Pourtant si différente
Yahvé est bon pour moi je suis au paradis
S’écria-t-il joyeux la serrant contre lui
Ici tout est permis
Cependant souviens-toi
Ne t’éloigne de moi
Au milieu du jardin se trouve un arbre immense
Il nous est interdit
D’en découvrir l’essence
Il ne faut le toucher
Ni même le goûter
Sous peine de pécher
Confiant il lui permit
Et puis il s’endormit
Elle s’en fut alors toujours aussi ravie
Explorer le jardin que Dieu avait construit
Elle tomba bientôt face à l’arbre de Vie
Et devant lui s’assit
Soudain elle observa un animal curieux
Redressé sur sa queue et regardant les cieux
S’appuyant sur le tronc avec un geste hideux
Qui es-tu lança-t-elle cet arbre est interdit
Nul ne peut l’approcher tu risques d’être pris
Regarde bien mes yeux
Je n’ai pas peur du Dieu
Ainsi dressé je suis un peu son missionnaire
Une sorte de pont entre lui et la Terre
Tu n’es pour le moment qu’un infâme animal
Tu ne peux distinguer ni le bien ni le mal
Je ne peux accepter ce que tu me dis là
Au sein du paradis cela n’existe pas
Cela n’existe pas car tu ne le sais pas
Gagne ta liberté comprends ce que tu vois
L’arbre de ce jardin est le centre du Tout
Dans son fruit la science a un suc délicieux
Fais-en don à ton homme et vous serez des Dieux
Sois sûre siffla-t-il c’est le fruit le plus doux
Elle cueillit le fruit le porta à ses lèvres
Et son jus liquoreux la terrassa de fièvre
Son corps était en feu et toucha sans complexe
La fente entre ses cuisses qui lui servait de sexe
Elle se rapprocha de son homme endormi
En caressant son membre celui-ci se raidit
Alors il se dressa embrasé de passion
Il mordit dans le fruit qu’elle lui présentait
Aussitôt la chaleur le mit en érection
Il s’élança sur elle et tombèrent enlacés
Quand ils eurent vidé leurs corps de leur plaisir
Quand ils se séparèrent s’arrêtant de gémir
Bouleversés par leurs cris et leurs désirs ardents
Ils eurent soudain peur d’être pris en défaut
Ils étaient des humains devenus animaux
Alors ils frissonnèrent
Et puis ils se cachèrent
Ils n’avaient qu’un présent
Maintenant ils avaient
Un inquiétant passé
Qui les emprisonnait
Avant ils étaient purs
Et sans l’imaginer
Ils trouvaient un futur
Soudain la voix de Dieu se mit à résonner
Et d’écho en écho finit par les trouver
Montrez-vous tous les deux
Que je vous voie un peu
Non car nous sommes nus
Et la honte est sur nous
Comment le savez-vous
Vous étiez sans conscience
Dépourvus de science
Comment avez-vous pu
C’est le fruit défendu
Dit Adam très inquiet
La femme l’a voulu
Et me l’a fait croquer
Le serpent m’a trompée
Fit Ève effarouchée
Il s’est dit messager
De la divinité
Je n’ai pas cru pécher
Il peut en témoigner
Alors Yahvé gronda en proie à la colère
Il n’avait plus confiance en sa douleur amère
Il condamna l’Eden à n’être qu’une Terre
De souffrance et de haine et de proies prédateurs
D’énergies à dompter au prix de la douleur
Puisque l’homme a voulu à tout prix s’accoupler
Il devra donc mourir pour se renouveler
Puisque l’homme a voulu être l’égal de Dieu
En volant le savoir
Il devient dangereux
Car il a le vouloir
Car il veut le pouvoir
Quant au serpent perfide
A la langue bifide……
JE ou la quête du moi, Philippe Jean Coulomb, Edit. Le Manuscrit 2004
Le récit biblique de la Genèse a fortement contribué à rendre Ève responsable de tous les malheurs de l’humanité et à ce titre sa position dans les sociétés des religions monothéistes révélées, judaïsme, christianisme et Islam, est indigne et humiliante. En fait, si Dieu a créé l’homme à son image, il a créé un androgyne mâle-femelle et Adam et Ève sont parfaitement égaux dès l’origine.
Ève qui a commis le péché et séduit Adam, a contraint Dieu à envoyer son fils sur Terre et à le sacrifier sur la croix. Elle est donc responsable du péché originel et de la mort de Jésus!
Selon Paul, la femme est une acéphale,
Selon Saint Augustin elle est un vase d’impureté et « quelle différence que ce soit une mère ou une épouse? Nous devons toujours prendre garde d’Ève tentatrice qui subsiste dans chaque femme, je ne vois pas quelle utilisation peut faire l’homme de la femme, si on exclut la fonction d’élever les enfants« .
Dans l’Ecclésiaste « Plus amère que la mort est la femme« ;
Dans le Coran « Éloignez vous donc des femmes pendant les menstrues, et ne les approchez que quand elles sont pures » (sourate 2, verset 222) et « Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci… » (sourate 4, verset 34)…