L’Exode de masse des Israélites sous la conduite de son chef Moïse, fut l’événement le plus marquant de l’histoire biblique. Cet épisode dramatique s’est déroulé en une génération c’est à dire à peine plus de 40 ans au cours desquels les Hébreux verront s’accomplir d’extraordinaires miracles : le buisson ardent, les plaies d’Egypte, le partage de la mer Rouge, la manne du désert , la révélation de la Loi au sommet du mont Sinaï…Manifestations du Dieu d’Israël qui n’avait jusqu’ici entretenu qu’une relation privée et individuelle avec les patriarches et qui se révèle enfin aux yeux de tout le peuple. 200 ans de recherches archéologiques ont permis de vérifier la chronologie, les lieux et les événements cités par la Bible.
Après l’épisode des fils de Jacob, qui vivent en toute sécurité sous la protection de Joseph, leur frère, devenu « Grand Vizir » de Pharaon, les temps changent quand un nouveau pharaon monte sur le trône et les réduit en esclavage. Craignant une explosion démographique, il ordonne de noyer tous les enfants mâles dans le Nil.
Pour retrouver la liberté Moïse entraîne son peuple dans le désert, YHWH se révèle à lui: « Je suis celui qui est« .
Du point de vue archéologique la saga du premier Exode qui consista à quitter Canaan, suite à une famine, pour venir s’installer dans la partie orientale du delta du Nil, est abondamment confirmée par les découvertes des archéologues et par les textes.
L’historien égyptien Manéthon (IIIème siècle av. JC. décrit l’invasion massive et brutale de l’Egypte par des étrangers venus de l’Orient, les Hyksos ou rois pasteurs qui se seraient installés à Avaris, fondant une dynastie qui aurait régné cruellement sur l’Egypte pendant plus de 500 ans!
En fait, de récentes fouilles archéologiques attestent que l’invasion Hyksos correspond en réalité à un processus graduel d’immigration de Canaan vers l’Egypte bien plus qu’à une campagne militaire subite et brutale. Elles établirent également que c’est le pharaon Ahmosis, de la XVIIIème dynastie qui saccagea Avaris et expulsa les Hyksos mettant fin à l’influence cananéenne dans la région.
La Bible mentionne la participation forcée des enfants d’Israël à la construction de la ville de Pi-Ramsès au XVème siècle : impossible car le premier pharaon à porter ce nom ne montera sur le trône qu’en 1320 av. JC.
La mention d’Israël sur la stèle de Merenptha (successeur de Ramsès II) mentionne un peuple qui habitait déjà Canaan. Or, nous n’avons pas retrouvé la moindre trace de la présence d’Israélites en Egypte : pas une seule inscription, pas un seul papyrus ! Aucune trace de leur présence dans la terre de Goshèn citée par la Bible !
L’autorité de l’Egypte sur Canaan était absolue, les lettres de Tel El-Armana en témoignent. Un Exode important aurait été immédiatement contrôlé par l’armée de pharaon. Le passage des armées d’Egypte vers Canaan était rapide puisque Thoutmosis III affirme qu’il couvrit la distance qui sépare le delta oriental de Gaza, soit 250 kilomètres, en seulement dix jours! Or les 600 000 fuyards ont mis 40 ans!
Les archéologues n’ont trouvé aucune trace de campement ou d’occupation, du temps de Ramsès II ou de ses prédécesseurs ou successeurs immédiats nulle part dans le Sinaï !
En fait, il n’existe aucune trace de l’Exode au XIIIème siècle…il ne s’est donc pas déroulé à l’époque où la Bible le situe.
Selon la Bible ils campèrent pendant 38 ans à Cadès-Barnèa, or les fouilles n’ont pas livré la moindre preuve, même constatation pour le site de Eçyön-Gébèr. Par contre, une forteresse fut établie au VIIème siècle à Cadés-Barnéa.
Tout cela semble indiquer que le récit de l’Exode a trouvé sa forme définitive sous la XXVIème dynastie, c’est à dire entre le VIIème et le VIème siècle av. JC.
L’Egypte de la XXVIème dynastie barre la voie qui conduit à la réalisation des rêves de Josias. Le pharaon Néchao II, fils de Psammétique I, fait avec succès la guerre contre Josias, roi de Juda, qui sera tué à la bataille de Meggido (609). Il fera ensuite prisonnier Joachaz, fils et successeur de Josias, puis imposera un tribut au royaume de Juda.
Selon les célèbres archéologues Israël Finkelstein etNeil Asher Silberman (La Bible dévoilée, Bayard, 2002), » La saga de l’Exode d’Israël hors d’Egypte n’est pas une vérité historique, mais elle n’est pas non plus une fiction littéraire. Elle exprime puissamment les souvenirs et les espérances suscités par un monde en mutation. L’affrontement de Moïse et du pharaon reflète la rencontre imminente et fatidique qui opposera le jeune roi Josias au pharaon Nechao II, qui vient d’être couronné. Tenter d’attribuer à cette allégorie biblique une date précise reviendrait à trahir sa signification profonde. La pâque juive ne fête pas un événement historique précis, mais une expérience de résistance nationale contre les pouvoirs établis ».
Quelques références bibliographiques:
– Les Manuscrits de la mer Morte révélés, Robert Eisenman, Michel Wise, Fayard, 1992.
– L’énigme des Manuscrits de la Mer Morte, Hershel Shanks, Desclée de Brouwer, 1999.
– La Bible dévoilée, les nouvelles révélations de l’archéologie, Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman, Bayard, 2002.
– Les Religions de l’humanité, Michel Malherbe, Criterion, 1993.
– La Torah, Philippe Haddad, Eyrolles, 2013.
– La naissance des dogmes chrétiens, Bernard Meunier, Ed. de l’Atelier, 2 000
– Les Maîtres spirituels, Jacques Brosse, Bordas, 1988.
– Le Zélote, Reza Aslan, Les Arènes, 2014.
