L’animisme remonte à 70 000 ans, le polythéisme à 6 000 ans, le monothéisme à 2 000 ans et l’athéisme à 200 ans. Ce dernier, compte tenu de l’énorme pression exercée par les religions fut relégué très longtemps dans un coin obscur de la maison humaine. Il eut cependant quelques lettres de noblesse avec Le Bouddha, Rabelais, Laplace, Stendhal et Nietzsche. Stendhal eut un jour une formule célèbre : « La seule excuse de Dieu, c’est qu’il n’existe pas! ». Les hommes, qui firent évoluer les religions, sont peu nombreux. Nous ne connaissons aucun nom qui nous soit parvenu de la préhistoire parmi les animistes et les chamanes.
Le premier révolutionnaire fut sans conteste Aménophis IV (Akhenaton), – 1353 – 1336, le mari de Néfertiti. Dès son accession au trône d’Egypte, il s’opposa violemment au polythéisme et en particulier au clergé d’Amon. En effet, politiquement le polythéisme est ingérable : autant de dieux, autant de sectes et donc autant de partis! Le monothéisme permet de contrôler un seul parti, son avènement était donc prévisible. Akhenaton imposa un monothéisme éphémère qui ne dura que le temps de son règne : le culte d’Aton-Ré (le dieu soleil).
Zarathoustra (Zoroastre), en -650 – 583, à la suite d’une extase dans le désert, fut investi par Ahura-Mazda, le Seigneur juste et sage créateur de l’Univers, de la mission d’épurer les croyances primitives alors pratiquées. Il institua Ahura-Mazda dieu unique, prohiba les sacrifices sanglants et mit à l’honneur le culte du Feu, manifestation visible de la divinité. Il fut l’auteur de 17 hymnes ou Gathas qui constituent la plus ancienne partie de l’Avesta, le livre sacré de la Perse antique.
En – 563 – 483, Siddhârta, Gôtama, dit le Bouddha, institua une philosophie athée basée sur l’Amour et le savoir. Précurseur de la méthodologie scientifique, il privilégia la méditation avec pour moteurs : la mémoire, le principe de causalité et la connaissance du monde qui nous entoure.
En – 470 – 399, Socrate, qui vécut à la charnière de l’âge d’or du siècle de Périclès et de l’effondrement politique qui le suivit, fit une critique acerbe de la société grecque. Ses talents d’orateur et de débateur lui valurent autant d’admirateurs que de détracteurs. Sa philosophie était basée sur la conscience de soi : « connais-toi toi-même ». Peu favorable au polythéisme, dans le Timée, il proposa l’existence d’un Démiurge cause de l’Univers. Nos idées proviennent de la réminiscence, ce qui suppose l’immortalité de l’âme qui se souvient d’un monde intelligible supérieur au monde sensible. Sa philosophie est donc scientifique car elle aborde les sujets fondamentaux que sont : la connaissance vraie, la causalité, Dieu, l’espace, l’âme du monde, les composants élémentaires, le vide, la structure de l’Univers…
Jésus. Qui était réellement Jésus ? Il est probable que nous ne le saurons jamais ! Son origine biologique est contestée et a fait l’objet de polémiques savamment entretenues. De qui était-il le fils ?La religion chrétienne repose sur un dogme qui impose une trilogie divine : le père, le fils et le saint esprit. Ce sont les pères de l’église égyptienne, Athanase (295-373) et Cyrille (380-444), évêque et patriarche d’Alexandrie, qui ont institutionnalisé l’union des deux natures, divine et humaine, de Jésus. Il est clair que pour bousculer le paganisme polythéiste de l’impérieuse Rome il fallut proposer une certitude spirituelle qui troublât puis s’imposât. Pour la multitude d’opprimés par la puissance impériale, qui avait subi de façon réitérée l’esclavage, la déportation, la torture, le viol, l’horrible vision de parents crucifiés et dévorés encore vivants par les corbeaux, un message de paix et d’au-delà lumineux ne pouvait qu’allumer une foi invincible. Le fait, de surcroît, qu’un Dieu fait homme fut leur contemporain rendait leur conversion exaltante. Jésus a-t-il existé ? Quels sont les fondements historiques de l’Homme qui devint Dieu ? S’il a réellement existé, a-t-il vraiment voulu créer une nouvelle religion ? Faut-il voir en lui le fondateur du christianisme tel que nous le connaissons ? Nous tenterons de répondre à ces questions dans les conférences à venir.
Mahomet (570-632). Originaire de la Mecque, Mahomet commença sa prédication vers l’âge de quarante ans. Au cours d’une retraite prolongée, pendant le mois de ramadan, l’ange Gabriel lui apparut et lui répéta à plusieurs reprises : « récite ». Il eut alors la révélation qu’Allah l’avait choisi pour transmettre les révélations qu’il allait lui faire par l’intermédiaire de l’ange. Ces révélations fragmentaires ont été ensuite réunies dans le Coran, texte qui se divise en cent quatorze sourates. Le plus ancien exemplaire date de 776, il n’a donc pas été établi du vivant du prophète.Dans ses premières prédications, il annonçait l’imminence du Jugement dernier à un peuple trop enclin à privilégier l’idolâtrie, le luxe et la débauche. Le Dieu justicier inspirera la terreur mais récompensera les hommes d’après leurs actions. Il tenta en vain de rallier les Juifs, dont il considérait la religion proche de celle qu’il prêchait, à ses idées mais il fut raillé par ses compatriotes. Il quitta alors la Mecque (622), en compagnie de quelques disciples, pour Yathrib (Médine), ce fut l’Hégire (l’expatriation). Là, il fit de nombreux adeptes. Deux années après, il vainquit les Mekkois au cours d’une bataille, renforça son pouvoir, puis, en janvier 630, décida de marcher sur la Mecque qu’il occupa sans coup férir. Une forte fièvre l’emporta, le 8 juin 632, alors qu’il se trouvait à Médine. Le Coran est un code révélé, religieux et social qui définit une Loi (charia) qui s’applique à la communauté des croyants. « Il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah, et Mahomet est son prophète. » (Coran, VII, 157). Il s’agit d’une « soumission » (islâm) à l’omnipotence divine. La nature d’Allah est définie dans la sourate 112 : « Dis : Lui, c’est le Dieu Un, le Dieu éternel, qui n’a pas engendré et n’a pas été engendré, qui n’a pas d’égal. » Il est « Le Vivant, le Puissant, le Savant, le Miséricordieux… » Aux yeux des musulmans il est le seul Dieu unique, ils refusent la Trinité du christianisme qu’ils considèrent comme une atteinte à l’unicité divine. Ils reconnaissent cependant d’autres prophètes que Mahomet : Adam, Noé, Abraham, Moïse, Jésus….Il y a un purgatoire, un enfer, un paradis, des anges et Satan. Parmi les nombreux mouvements musulmans, le soufisme (souf, vêtement de laine blanche) prône l’extase. L’état mystique une fois atteint, procure la « connaissance » intuitive, distincte du savoir commun et supérieure à lui. Contrairement au Catholicisme, qui freina le développement des sciences en utilisant l’arme des tribunaux de la Sainte Inquisition, l’Islam favorisa tout ce qui permettait de découvrir les lois de l’Univers clefs de la connaissance de Dieu. Toutefois, l’ouverture sur la philosophie et les sciences ne se fit qu’à partir de 900 grâce à la traduction des textes grecs en arabe. Les études furent favorisées par la fondation de grandes bibliothèques à Bagdad, Bassora et au Caire où les connaissances des anciens furent complétées et consignées dans de véritables encyclopédies. Adeptes d’une conception atomistique de l’Univers, ils privilégièrent les sciences exactes : mathématiques, algèbre (al-jabr) et géométrie. L’astronomie les conduisit à fonder la trigonométrie plane et sphérique, ils créèrent les notions de sinus et de tangente. Ils améliorèrent les connaissances en chimie en découvrant de nombreux corps dont l’alcool et inventèrent la distillation. En physique, ils apportèrent une contribution significative en optique. En médecine, ils rédigèrent de nombreux traités dont le plus célèbre porte sur la variole et créèrent de nombreux hôpitaux (les mâristâns d’origine iranienne).
Ces hommes de Dieu ont sensiblement eut le même parcours : révolte contre la barbarie de leur temps, contre le polythéisme aux sacrifices sanglants, nécessité du monothéisme (à part le Bouddha), retraite et méditation, révélation, utilisation du verbe, un verbe qui a traversé les siècles et fait évoluer l’esprit et le comportement humains vers plus d’Amour, mais, ont-ils réussi ?