Claude COULOMB

Une provençale scientifique

Claude, Marie-Thérèse Coulomb, née Faury, est née à Miramas en 1939. Son père était un cheminot spécialiste des chaudières des locomotives. Elle fit ses études secondaires au Lycée Aubanel d’Avignon, ses études supérieures à l’Université St Charles à Marseille, sa thèse de doctorat d’État à la faculté de Marseille-Luminy et sa recherche à l’Université d’Avignon.

Pour payer ses études elle fut enseignante au collège Desmons et surveillante au Lycée Nord.

En 1963, le hasard, s’il existe, réunit Claude Faury et Philippe Jean Coulomb à la Faculté des Sciences de Saint Charles, sur le même banc d’une salle de Travaux Pratiques de Biologie animale. L’épreuve portait ce jour-là sur la dissection d’un embryon de poulet dans le cadre d’un enseignement de Licence de Biologie. Le hasard, toujours lui, fit qu’une panne d’électricité interrompit la séance. Philippe invita Claude à boire un coup dans un bar du Vieux Port, elle accepta : ce fut le coup de foudre ! Ils firent connaissance au mois d’avril, se marièrent le 10 août, eurent un fils, Philippe Olivier en 1967 et vécurent tous les deux une vie d’une richesse exceptionnelle pendant soixante et un an, jusqu’au 16 septembre 2024 où elle fut emportée, luttant jusqu’au bout des suites d’une longue et douloureuse maladie.

CARRIERE UNIVERSITAIRE

Titulaire d’une Licence en Biologie elle fut recrutée sur un poste de chargée de recherche au CNRS par le professeur Roger Buvat, Académicien, qui, en 1986, quittant la direction de l’École Normale supérieure, vint créer un Institut de recherche en Biologie Cellulaire à l’Université de Marseille-Luminy. Philippe Jean Coulomb, qui fut son premier assistant, l’aida au démarrage des enseignements de Biologie Cellulaire.

La rencontre avec le Professeur Roger Buvat, de notoriété scientifique internationale, fait partie de ces évènements inattendus qui décident du destin d’un homme et d’une femme.

Dès lors le couple collaborera à une recherche commune qui leur permit d’obtenir une thèse de Doctorat d’Etat en 1971 pour Philippe sur le thème : « Mise en évidence d’un système lysosomal chez les Végétaux », et en 1978 pour Claude sur le thème : « Endocytose expérimentale dans les méristèmes radiculaires de Cucurbita pepo. Relations avec la dynamique membranaire  et le compartiment lysosomal »

Le professeur R. Wattiaux, collaborateur du Prix Nobel Christian De Duve fit partie de son Jury.

Elle obtint un poste de Chargée de Recherche au CNRS en 1979 dans l’Institut de Cytologie du Professeur Buvat, LA N°179.

Des résultats spectaculaires concernant l’intervention des lysosomes animaux dans des cas pathologiques, jusqu’alors impossibles à expliquer (lèpre, silicose, glycogénose de type II, goutte…), ont conduit le couple à envisager l’intervention du système phytolysosomal dans le déroulement des interactions hôte-parasite qui ont un impact désastreux en agriculture.

En 1980, Le CNRS autorisa, grâce à l’intervention du Professeur Roger Buvat, le transfert de Mme Claude Coulomb, chargée de recherche, docteur es science, dans le laboratoire De Cytologie et Pathologie Végétales que son mari venait de créer à Avignon. Là, ils démontrèrent que lorsque les végétaux sont agressés par un pathogène (virus, bactérie, champignon…), ils font intervenir le système Phytolysosomal de leurs cellules pour combattre le dit pathogène.

Cette découverte innovante ouvrait la voie à des études plus fines qui permirent d’utiliser la Résistance Induite, thérapie non polluante, en remplacement possible des traitements chimiques en vigueur.

Aujourd’hui, soit près de 40 ans plus tard, les appels d’offre de l’Union Européenne permettent toujours de financer les recherches sur la Résistance induite dont ils ont été, avec d’autres chercheurs, les précurseurs !

En 1982, Philippe Jean Coulomb créa la Licence de Phytoprotection : l’un des premiers enseignements à finalité professionnels dans les universités Françaises en adéquation avec la vocation agricole du département de Vaucluse.

Dès lors, Claude et Philippe Coulomb réalisèrent leur destin universitaire ensemble aussi bien dans le domaine de la recherche que dans celui de l’enseignement : Ils étaient deux mais ils ne furent qu’UN.

Dès son arrivée dans le laboratoire avignonnais Claude Coulomb encadra :

-2 thèses de 3ème cycle

 -1 thèse diplôme de l’Ecole Pratique des Hautes Études

-6 thèses de Doctorat.

14 Communications à des Colloques Nationaux et Internationaux

40 Publications.

DISTINCTIONS HONORIFIQUES

Pour la découverte des lysosomes végétaux, l’Académie des Sciences décerna à Philippe Jean Coulomb « Le prix des Laboratoires » en 1972.

Et en 1999 Claude Coulomb obtint laMédaille du CNRS pour sa contribution à la découverte des vacuoles lysosomales chez les végétaux (ci-dessous).

Claude COULOMB au pupitre du Microscope électronique Hitachi 12

Laboratoire de Cytologie et Pathologie Végétales

de la Faculté des Sciences d’Avignon.

CARRIERE ASSOCIATIVE

Implication dans le milieu associatif

Résidant sur le territoire de Beaumes de Venise, (riche en vestiges paléontologiques, préhistoriques et archéologiques), elle fut cofondatrice avec Philippe Jean Coulomb de l’Académie de Beaumes de Venise (loi de 1901), fondée le 5 avril 1973 et publiée sur le Journal Officiel du 13 avril.

Dès son origine l’Académie comprenait 4 sections :

Lettres avec édition d’un Journal : « Les Cahiers de l’Académie » dans lesquels furent consignées toutes les découvertes et travaux des 4 sections.

Sciences : Paléontologie, Géologie, Préhistoire, Archéologie, Botanique, Astronomie avec intervention de scientifiques de Marseille-Luminy et d’Avignon.

Arts : artisanat local (peinture, sculpture, poterie, photographie, théâtre).

Provençal : promotion et défense de la culture et de la langue provençale.

Claude Coulomb assura pendant 40 ans la présidence de cette section en organisant chaque année les Fêtes de la St Jean, du cacho fio, des expositions, des concerts à ND d’Aubune, des défilés de mode, des ateliers de couture du vêtement comtadin, des conférences…

Grâce au Maire de Beaumes, un superbe Espace Archéologique fut créé le 15 septembre 2001 dans les écuries du château. Dans cet Espace une exposition permanente fut ouverte au public avec des bas-reliefs romains, divers objets archéologiques, tombeaux gallo-romains…

Claude Coulomb assura en grande partie la muséographie avec l’installation des collections et l’accueil des étudiants de l’Université d’Avignon dans le laboratoire installé à cet effet.

Claude et Philippe Jean Coulomb

Claude Coulomb écrivain.

Claude Coulomb cosigna les riches résultats des travaux de l’Académie de Beaumes dans trois monographies  des Cahiers de l’Académie :

  • En 2012, « Aubune secrète », Claude et Philippe Jean Coulomb,
  • En 2013, « Beaumes de Venise, Préhistoire, Histoire, Archéologie, Patrimoine naturel et sites remarquables. » Philippe Jean et Claude Coulomb.
  • En 2014, « Traditions Provençales », Claude Coulomb.

Décédée le 15 septembre 2024 des suites d’une longue et douloureuse maladie, Claude Coulomb s’en est allée en laissant le souvenir d’une scientifique provençale cultivée, passionnée par le savoir, toujours disponible pour les étudiants, les chercheurs du Laboratoire de recherche et toutes celles et tous ceux du mouvement associatif qui l’ont connue.

Toujours souriante, malgré les nombreuses atteintes physiques qu’elle eut à supporter, elle a donné sans compter et sans jamais se mettre en avant.

S’il est vrai que l’on est riche que de ce que l’on donne, alors Claude est immensément riche….S’il est vrai que le don d’Amour est l’oubli de soi, alors, elle n’a existé que pour les autres, telle fut sa vocation et tel fut son destin !